Des engagements pourtant très clairs...
Alourdissement de la tâche 20 janvier 2025
Article paru dans le BIS volume 48, numéro 20 du 20 janvier 2025.
Au début de l’année scolaire 22-23, une nouvelle ère s’est ouverte en amenant des modifications sur la conception de la tâche et introduisant une nouvelle approche sur la façon d’organiser le travail des profs. La tâche des enseignantes et enseignants est, depuis lors, déterminée et comptabilisée sur une base annuelle et certaines tâches non récurrentes n’ont plus à être fixées à l’horaire.
Dans l’espoir de valoriser la profession enseignante, les parties syndicale et patronale nationales se sont entendues pour dorénavant laisser le soin aux enseignantes et enseignants de déterminer les moments pour accomplir leurs activités professionnelles, parmi ceux non déjà fixés à leur horaire. En clair, il devrait maintenant revenir aux profs de déterminer le travail devant être accompli ainsi que le moment opportun pour le faire, à l’exclusion des tâches spécifiquement assignées par la direction de l’établissement et fixées à l’horaire.
L’annualisation de la tâche des profs a aussi amené des changements sur la participation des profs dans tout le processus d’élaboration des tâches individuelles ainsi que la mise en place d’un processus visant à résoudre les difficultés pouvant survenir.
Dans le cadre de cette négociation, les parties ont convenu de certains grands principes qui ont guidé les échanges. Dans plusieurs engagements figurant au texte, on retrouve notamment les intentions suivantes :
- reconnaître le professionnalisme des enseignantes et enseignants ;
- reconnaître l’autonomie professionnelle des profs dans l’accomplissement de leurs fonctions et responsabilités ;
- ne pas augmenter ou alourdir la tâche des profs ;
- prévenir et résoudre les difficultés qui pourraient survenir dans la mise en œuvre des dispositions.
Tous ces beaux principes auraient normalement dû contribuer, entre autres, après une courte période d’adaptation, à augmenter l’influence des profs à l’égard des tâches qui leur sont confiées, à rendre leur conception plus facile, à libérer les enseignantes et les enseignants du carcan imposé par un horaire fixe et rigide relatif à l’accomplissement de plusieurs activités professionnelles, à donner une bouffée d’air aux profs qui n’en pouvaient plus de toujours se faire pelleter davantage de tâches et responsabilités dans leur cour…
Malheureusement, au Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM), il y a loin de la coupe aux lèvres. Comme on dit, les bottines ne suivent pas toujours les babines… En effet, dans une offensive sans précédent suivant la signature de la dernière entente nationale en juin dernier, le CSSDM a l’air en mode récupération et semble tenter, par tous les moyens et sur plusieurs fronts, de réduire à néant les gains arrachés au regard de la tâche des enseignantes et enseignants.
Ainsi, plutôt que bénéficier des gains et des conséquences positives liées à ce nouveau modèle de tâche, on se retrouve avec de plus en plus de profs qui considèrent qu’avec l’annualisation, leur tâche s’est alourdie…
Dans une démonstration éloquente de ce qui précède, soulignons les difficultés que l’Alliance a eues à faire appliquer les dispositions relatives à la détermination du lieu de travail des profs durant certaines journées pédagogiques, le CSSDM suggérant (plus ou moins subtilement) à ses directions de scinder ces journées pédagogiques en demi-journées, bafouant au passage ce qui avait été entendu sur le plan national lors de la négociation. Voilà une belle façon de reconnaître le professionnalisme et l’autonomie de ses profs, de favoriser une application harmonieuse des dispositions sur la tâche et de prévenir les litiges !
Dans la série d’articles qui s’amorce, il sera plus spécifiquement question des multiples formes de l’alourdissement de la tâche, des leviers dont disposent les enseignantes et enseignants pour tenter de les contrer, de la façon de faire pour contester les décisions prises par la direction au regard de la conception des tâches et des recours possibles, si jamais l’employeur maintenait le cap.
Tous saisiront l’importance de bien comprendre et maîtriser les enjeux de cette problématique grandissante et de faire valoir ses positions en utilisant les leviers qui sont à notre disposition.
Dans le prochain article :
Une tendance lourde au CSSDM : presser le citron
Catherine Beauvais-St-Pierre, présidente
Jean-François Audet, conseiller
Manchette
suivante
Appels de candidatures
15 octobre 2024